Route emportee : tandem heliporte
La route qui relie Kashgar (en Chine) a Islamabad (au Pakistan) est une des routes des plus spectaculaire au monde. Cette route, la Karakoram Highway (KKH) empruntee depuis des centaines d'annees par des caravanes de chameaux a ete ouverte a la circulation apres des travaux titanesques dans les annees 70. La KKH serpente entre les plus hautes montagnes et les plus longs glaciers du monde. C'est sur cette route que nous avons franchi le plus haut col de notre voyage a 4098 metres. Nous ne nous sommes pas attardes au sommet ou les flocons de neige commencaient a tomber. C'est en bus que nous avons franchi le col frontiere du Kunjerab (4730 m) interdit aux cyclistes.
L'altimetre nous encourage dans les cols !
Cote pakistanais, le changement est radical. La route se transforme en piste et les autorites pakistanaises sont bien plus relax et accueillantes. Nous passons d'ailleurs notre premiere nuit en compagnie des gardiens du parc National qui nous invitent a planter notre tente dans leur jardin et a boire du the au sel comme il est de coutume ici. La KKH cote pakistanais est vraiment incroyable, en travaux perpetuels. La piste resisite peniblement aux assaults des montagnes et des rivieres. Au mois de janvier, un enorme glissement de terrain est venu bloquer la riviere emportant avec lui un village. Cette catastrophe a fait l'effet d'un bouchon dans cette gorge etroite. La riviere s'est progressivement transformee en un lac qui fait aujourd'hui 32 km de long. 5 villages sont sous les eaux.
La riviere s'est transformee en lac. Ca semble magnifique mais c'est un desastre !
Les gens sont reloges dans des tentes comme sur la photo.
L'armee a mis en place un service d'helicoptere pour assurer le ravitaillement des villages isoles en amont du lac et le transport des personnes. Comme il n'y a plus de route c'est en helicoptere que nous devons poursuivre. Dimanche 20 juin nous arrivons a l'heliport. Tout va tres vite. L'helico aterrit soulevant un nuage de poussiere. Nos saccoches sont chargees mais ressortent aussitot de l'appareil et l'helico repart sans nous. Que se passe-t-il ?
"No permission" nous dit le chef militaire. Nous apprenons que depuis aujourd'hui le service d'helico ne prend plus les etrangers. Nous voila coince dans le petit village de Passu. Impossible de faire marche arriere, nous n'avons plus de visa chinois et impossible de continuer sans l'helico. Personne ne semble comprendre cette decision soudaine et innattendue dans la mesure ou les helicos arivent charges de nourriture et repartent tres souvent a vide. Nous passons 2 jours a parlementer aevc les autorites militaires. Javad, le chef est bien sympathique et fait son maximum pour obtenir cette permission. La situation semble etre bloquee et nous risquons d'etre coinces ici un long moment. En plus, depuis la catastrophe, les magasins sont quasiement vides, les restos rationnent et le prix de la nourriture a flambe. A trop attendre nous voila a cours d'argent, plus un rond pour payer la nourriture. La situation devient compliquee. Les gens du village et les militaires font tout leur possible pour trouver une solution a notre probeme et nous faire passer de l'autre cote du lac. Une idee un peu obscure qui consisterait a traverser le lac de nuit avec la police nous est proposee. L'idee de se retrouver sur un petit bateau la nuit avec la police (reputee corompue) ne nous emballe pas trop. Nous refusons ! Au 3eme jour d'attente, nous nous resignons a appeler l'ambassade de France. A notre grande surprise, ce coup de fil va debloquer la situation. Javad, le chef, vient nous annoncer la bonne nouvelle. Ca y est nous avons la permission d'embarquer. Nos saccoches sont chargees dans l'helico mais ne ressortiront pas cette fois-ci. 20 minutes pour survoler le lac, fin de l'histoire !
Nous finissons cet article un peu long (courage on est presque au bout) pour vous dire que la region du Nord Pakistan est vraiment magnifique. C'est une region touristique, ideale pour les treks en montagne. La vie est bon marche (chambre double avec salle de bain pour 3 euros et repas copieux pour moins de 2 euros), les gens parlent anglais et sont d'une gentillesse incroyable. Chaque personne que l'on croise nous salue avec le sourire : "Hello, how are you ?".
Malheureusement depuis les attentats du 11 septembre 2001, le tourisme est en chute libre dans cette region qui est et qui a toujours ete tres paisible.
La fin du voyage approche doucement. Nous n'aurons plus assez de temps pour pedaler jusqu'au Nepal. C'est sans regrets. Nous profitons du magnifique pays ou nous sommes et c'est le plus important a nos yeux.
Caro et Ben, en direct du net cafe de Gilgit au Pakistan ou l'ordinateur fait un bruit de vieux frigo !